Le pays de Galles, pro-Brexit et baromètre des élections britanniques

Bastion du parti travailliste depuis 1935, Wrexham pourrait élire une députée conservatrice lors des élections législatives jeudi, dans un pays de Galles au paysage politique transformé par le Brexit.

Une victoire des "tories" dans cette ancienne ville minière qui borde la frontière avec l’Angleterre serait de bon augure pour le Premier ministre Boris Johnson.

Le mois dernier, des sondages suggéraient que Wrexham, ainsi que trois autres circonscriptions du nord du pays de Galles, basculeraient des travaillistes vers les conservateurs.

"Si les conservateurs doivent remporter une majorité (au Parlement britannique, ndlr) alors cela passe en partie par le pays de Galles", souligne Roger Awan-Scully, professeur de sciences politiques à l’université de Cardiff.

Wrexham "a besoin seulement de peu de voix pour changer de mains", selon lui, sans compter que le député sortant du Labour ne se représente pas, ce qui complique la tâche pour le principal parti d’opposition au Royaume-Uni.

"Compte tenu du fort soutien à la sortie de l’UE ici, encore observé lors des élections européennes de mai dernier, ce sera encore plus dur pour les travaillistes", renchérit M. Awan-Scully.

Le pays de Galles s’était prononcé à 52,5% pour le Brexit lors du référendum de 2016. Wrexham avait même plus massivement voté pour la sortie, à 59%.

– Perte d’influence ? –

C’est justement ce genre de régions pro-Brexit que cible la campagne de Boris Johnson, qui a axé toute sa campagne sur la promesse d’une sortie de l’UE fin janvier après trois ans et demi d’un interminable processus.

Les pronostics lui sont si favorables que la candidate du parti conservateur, Sarah Atherton, s’est même permise de se passer d’un débat organisé par le site d’informations Wrexham.com, préférant une rencontre avec le ministre de la santé Matt Hancock qui était en déplacement non loin.

"Je pense que ce n’est pas respectueux pour les habitants de Wrexham", a réagi la candidate travailliste Mary Wimbury, une diplômée de l’université d’Oxford qui travaille dans le secteur de la santé.

Si le Labour continue de dominer au pays de Galles, il avait commencé à perdre de sa superbe depuis la création de l’assemblée galloise en 1999. Et son indécision sur le Brexit pourrait lui coûter cher dans la région lors des élections législatives de jeudi.

Le parti du Brexit de Nigel Farage entend justement profiter de ce flou, au risque de diviser les voix au sein du camp qui défend la sortie de l’UE.

"Les gens qui croient vraiment à une sortie vont voter pour nous", veut croire son candidat à Wrexham, Ian Berkeley-Hurst.

– Un Brexit qui divise –

"En raison des divisions, il est clair que des électeurs travaillistes vont nous rejoindre", estime cet avocat de 59 ans, assis dans un café qui donne sur des rues et bâtiments où les inscriptions sont à la fois en gallois et en anglais.

Il promet en outre de redonner du lustre à Wrexham, qui est l’exemple d’une ville frappée par les fermetures de commerces de centre-ville et les problèmes de sans-abris.

Si beaucoup d’électeurs sont prêts à changer de camp, certains toutefois restent fidèles, comme Laura, 32 ans, étudiante en psychologie à l’université locale et fervente soutien du Labour.

"Je suis toute seule avec quatre enfants, j’ai repris mes études et c’est difficile pour moi", confie la jeune femme, lassée des atermoiements autour du Brexit.

"Je ne suis pas une grande adepte de Jeremy Corbyn (leader travailliste, ndlr) mais je ne vois pas comment ça pourrait être pire (avec lui comme Premier ministre) pour des gens comme moi qui vivent grâce aux aides sociales", selon elle.

Face aux candidats des conservateurs, travaillistes et du parti du Brexit, se dresse une alliance du camp du "maintien" dans l’UE composée des nationalistes gallois Plaid Cymru, des libéraux-démocrates et des Verts.

Au pays de Galles, cette alliance sera présente dans plus d’un quart des sièges, soit davantage qu’au niveau national, mais elle devrait peu peser, y compris à Wrexham, estime M. Awan-Scully.

Selon lui, "le principal problème est que le parti travailliste n’en fait pas partie".

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