Le PS, réuni en toute discrétion à La Rochelle, planche sur son avenir

Pendant que les Insoumis et les Verts tiennent le haut de l’affiche à Toulouse, le Parti socialiste fait sa rentrée politique en toute discrétion ce week-end à La Rochelle pour sa première université d’été depuis 2015, boudée par un grand nombre de cadres.

Il est désormais loin le temps où le port de Charente-Maritime attirait jusqu’à 6.000 militants, les ténors du parti et une presse en masse. Pour cette nouvelle édition rebaptisée "Campus", ils ne seront que 2.000 participants, les médias se font plus rares et les absents parmi les figures du parti sont nombreux: de l’ancien ministre de l’Agriculture et candidat malheureux à la tête du PS, Stéphane Le Foll, à Anne Hidalgo (retenue par la commémoration de la Libération à Paris), Martine Aubry, Bernard Cazeneuve, en passant par Jean-Marc Ayrault ou François Hollande.

"J’observe qu’il y a quatre villes qui sont souvent citées dans la presse, mais on n’en voit pas souvent les maires", sourit François Rebsamen, maire de Dijon et président de la Fnesr, la Fédération nationale des élus socialistes et républicains.

Samedi, le fondateur du mouvement Place Publique Raphaël Glucksmann, tête de liste du PS aux Européennes, est attendu avec impatience. Mais à six mois des municipales, le parti paraît toujours sonné après le crash de la présidentielle en 2017 (6,3%) et un score aux Européennes de mai dernier (6,2%) qui n’aura permis qu’à limiter la casse.

Les élus sont conscients que le chemin de la reconquête s’annonce long et passe par "un vrai travail de fond", comme l’admet la présidente de la région Occitanie, Carole Delga.

"Les électeurs nous ont donné une bonne leçon qui nous oblige à plus de modestie, dit-elle. Il faut qu’on soit bien conscients que c’est avec un nouveau projet de société qu’on pourra rassembler."

"Rien ne nous permet aujourd’hui à 6% de prouver qu’on peut arriver à une reconquête. Il faut avoir un projet politique, une stratégie et une incarnation", abonde le président groupe PS au Sénat Patrick Kanner.

Des idées plutôt que des vedettes en somme. Pour remonter la pente, avance Pierre Jouvet, secrétaire national au relations extérieures et aux relations aux élus, il faut "relancer le processus de formation et des idées politiques".

– "L’hirondelle ne fait pas le printemps" –

Mais dans les allées de La Rochelle, la grande question reste celle des alliances et de la place du PS face à Europe Ecologie Les Verts (sorti renforcé des Européennes, avec 13,5% des suffrages) ou LFI.

Les propos vendredi du premier secrétaire Olivier Faure plaidant en faveur d’une politique qui évite tout "effacement" ou "isolement" du parti ont rassuré les troupes.

"Chez les militants écologistes, beaucoup sont conscients que pour accéder au pouvoir et transformer la société, il y a besoin d’union", insiste Carole Delga, qui "observe que EELV a eu un bon score aux Européennes, mais un score inférieur au 15% qu’ils espéraient".

"EELV a toujours réussi aux élections européennes", renchérit Patrick Kanner, mais celles-ci "n’ont rien à voir avec les prochaines élections", en l’occurrence les municipales, où les scores ont toujours été différents des scrutins européens. "L’hirondelle ne fait pas le printemps", ironise l’élu.

Se pose également la question de l’avenir du mouvement de Raphaël Glucksmann par rapport au PS.

Dans une interview jeudi sur France Inter, l’eurodéputé a estimé que "la seule solution pour proposer une alternative à Emmanuel Macron c’est de dissoudre, de dépasser les partis politiques qui existaient avant Emmanuel Macron", donc aussi le Parti socialiste. Des propos vivement commentées dans les allées de La Rochelle.

"Raphaël Glucksmann n’est pas socialiste, il a ses idées", relève Pierre Jouvet, mais "ce qu’il a dit a blessé des militants". "Il ne faut jamais rejeter la main qui vous a nourri", avertit encore le porte-parole.

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