Le Festival de Marrakech rend hommage au cinéma russe

Le Festival international du film de Marrakech a rendu hommage, mercredi soir, au cinéma russe, l’un des plus riches et prolifiques en Europe.

Après le 7-ème art canadien, le Festival a célébré cette année une cinématographie qui fait partie des précurseurs et des plus grandes du monde, lors d’une soirée qui s’annonçait déjà comme un moment fort de l’édition, marquée par la présence d’une forte délégation d’acteurs, réalisateurs et producteurs russes.

Présidée par le réalisateur, scénariste et producteur, Karen Chakhnazarov, la délégation a été chaleureusement accueillie sur la scène du prestigieux Palais des Congrès, où elle a reçu le trophée du festival des mains de l’actrice française, Fanny Ardent.

Dans son témoignage, Fanny a relevé que la présence du cinéma russe constitue l’un des événements les plus marquants du festival, puisque chacun est venu avec sa singularité, sa personnalité, son univers, sa vision de l’homme et du monde, ses tourments et ses questionnements.

"Ils sont tous différents comme les arbres d’une forêt, ils font partie d’un tout. D’abord de leur amour pour le cinéma, d’une histoire mouvementée et contradictoire, ils sont tous liés autour d’une longue tradition artistique et novatrice", a-t-elle souligné, visiblement émue.

Après avoir révélé l’amour qu’elle porte pour ce pays depuis son tendre enfance, l’actrice française, également réalisatrice du film "le Divan de Staline" (2016), a noté que "grâce à cette forêt de l’Est, le cinéma européen a, maintenant, plus d’humanité et de spiritualité".

Elle considère que chaque artiste russe a ouvert une voie à la liberté malgré l’emprisonnement, à la résistance souterraine, à l’humour en dépit de tout, à la dignité à tout prix et à la préférence des questions aux réponses.

"Je ne sais pas parler du cinéma russe, je ne sais pas comment l’appeler, mais je sais que je l’aime", a-t-elle confié.

Cette cérémonie a été ponctuée par une chorégraphie où deux danseurs, marocain et russe, dans une symbiose et hétérogénéité, laissaient libre cours à leurs corps dans une prouesse de mouvements et d’énergie qui ne cessaient de se métamorphoser au gré des circonstances.

En rendant l’éphémère éternité, ils ont prouvé que la culture permet le métissage des histoires des patrimoines et des peuples et surtout de ces deux cultures, marocaine et russe, bien qu’elles soient séparées et éloignées, ont quelque chose en commun.

Le festival avait déjà décerné l’Etoile d’or à deux reprises à des films russes, "Champ sauvage" de Mikhaïl Kalatozichvili (2008) et "Classe à part" d’Ivan Tverdovsky (2014). Ce dernier est présent cette année avec son dernier film "Zoology" qui fait partie des quatorze films en lice dans le cadre de la compétition officielle de cette 16ème édition.

Pour sa part, Alexei Mizguirev, dont le film "le duelliste" sélectionné en Hors compétition et projeté en soirée, avait reçu le prix du jury pour son long-métrage "Cœur de pierre" en 2007.

Une trentaine de films sont, en outre, projetés dans le cadre de la rétrospective consacrée à la cinématographie russe, allant de "le Cuirassé Potemkine" de Sergueï Eisenstein (1925), jusqu’à "le Disciple" de Kirill Serebrennikov (2016), en passant par "Quand passent les cigognes" de Mikhaïl Kalatozov (1958). Cet hommage au cinéma russe constitue une occasion de redécouvrir les films qui ont marqué sa longue histoire. Si les premiers longs-métrages projetés en Russie, à la fin du 19è siècle, étaient français (importés ou filmés par les opérateurs Lumière, puis Gaumont et Pathé), les premiers films russes sont réalisés dès 1907. Et après la première guerre mondiale, ce qui est devenu l’Union soviétique voit le développement d’un cinéma précurseur, avec notamment la production d’un chef-d’œuvre qui marque son époque : "le Cuirassé Potemkine" d’Eisenstein.

Quelques années plus tôt, en 1919, la première école de cinéma au monde (VGIK) avait ouvert ses portes à Moscou. Y étudièrent des réalisateurs dont le nom est resté dans les mémoires, comme Andrei Tarkovski, Alexandre Sokourov, ou Vladimir Menchov qui a reçu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1981 et qui fait partie de la délégation russe présente au Festival.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite