LVMH s’offre Tiffany pour plus de 16 milliards de dollars

Le géant LVMH va croquer le célèbre joaillier Tiffany pour 16,2 milliards de dollars, une acquisition record dans le secteur du luxe et pour le groupe de Bernard Arnault, qui se renforce aux Etats-Unis et ajoute un joyau de taille à son portefeuille.

"C’est une marque emblématique, une icône de l’Amérique qui devient ainsi un peu française. Elle a beaucoup de potentiel et une histoire incroyable", a souligné à l’AFP Bernard Arnault lundi matin.

Son groupe a "l’ambition de faire briller" la marque "avec tout le soin et toute la détermination que nous avons su déployer pour toutes les maisons qui nous ont rejoints au fil de notre histoire", a affirmé le milliardaire dans le communiqué commun avec Tiffany.

Cette opération est considérée comme la plus grosse acquisition dans l’industrie du luxe par plusieurs médias et analystes, ainsi que par la secrétaire d’Etat à l’Economie Agnès Pannier-Runacher.

Mi-octobre, LVMH avait proposé à Tiffany une offre de rachat à 120 dollars par action, avant de porter cette proposition à 130 dollars il y a quelques jours, puis enfin à 135 dollars par titre dans la dernière ligne droite.

Selon l’"accord définitif conclu" en vue de cette acquisition, "l’opération valorise Tiffany à environ 14,7 milliards d’euros, soit 16,2 milliards de dollars", précisent les deux parties.

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, a fait part sur Twitter de sa "fierté de voir LVMH accueillir dans son groupe un joaillier comme Tiffany. C’est une excellente nouvelle pour le renforcement de la position du groupe aux États-Unis et pour le rayonnement du secteur français du luxe et de la mode à travers le monde", a-t-il salué.

Pour Tiffany, l’opération "intervient au moment où notre marque est engagée dans un processus de transformation important" et elle "va apporter à la fois un soutien, des moyens et un élan supplémentaires pour atteindre ces objectifs", a souligné Alessandro Bogliolo, directeur général du joaillier, cité dans le communiqué.

Pour LVMH, l’acquisition de Tiffany va permettre de renforcer sa présence aux Etats-Unis, actuellement le deuxième marché du géant du luxe: 23% de ses ventes y ont été réalisées lors des neuf premiers mois de l’année, derrière l’Asie hors Japon (31%).

– Numéro un partout –

LVMH va également pouvoir ajouter un prestigieux joaillier à son portefeuille qui compte déjà Bulgari (racheté en 2011) et Chaumet (acquis en 1999), et ainsi mieux rivaliser dans les bijoux haut de gamme – le seul secteur du luxe où il n’est pas numéro un – avec son concurrent (suisse) Richemont, propriétaire des griffes Cartier et Van Cleef & Arpels.

Tiffany a connu "des hauts et des bas, donc il y a beaucoup de choses à faire". Mais "nous avons un peu d’expérience en joaillerie: nous avons ainsi multiplié le résultat opérationnel de Bulgari par cinq depuis son rachat en 2011", explique à l’AFP Bernard Arnault.

La clôture de l’opération est prévue pour le milieu de l’année 2020, "sous réserve des conditions suspensives habituelles, y compris l’approbation des actionnaires de Tiffany et l’obtention des autorisations réglementaires".

LVMH constitue la plus grosse capitalisation boursière française avec un peu plus de 200 milliards d’euros. En 2018, le numéro un mondial du luxe a engrangé 46,8 milliards d’euros de ventes, un record, tandis que son bénéfice net a totalisé 6,4 milliards et sa marge opérationnelle à 21,4%.

De son côté, le joaillier new-yorkais, fondé en 1837, cherche depuis des années à moderniser son image et attirer une clientèle plus jeune.

L’emblématique maison, qui emploie plus de 14.000 personnes, avait fait état en mars de ventes annuelles de 4,4 milliards de dollars (+6,5% sur un an). Sa croissance est néanmoins freinée par le dollar fort et une baisse des dépenses des touristes aux Etats-Unis.

"La haute joaillerie se développe, et paradoxalement dans un monde où il y a un certain nombre de problèmes économiques. Mais les produits les plus qualitatifs, les plus artisanaux, attirent de plus en plus de clients, c’est à mettre en parallèle avec la hausse globale du niveau de vie dans toute une série de pays qui étaient loin de pouvoir acquérir ce genre de produits il y a vingt ans", résume Bernard Arnault.

"Aujourd’hui, l’attrait pour les produits les plus sophistiqués augmente, ce qui explique aussi la croissance du groupe LVMH dans son ensemble", met-il en avant auprès de l’AFP.

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