Khashoggi: Mattis cherche encore des « preuves » pour désigner le commanditaire

Le ministre américain de la Défense Jim Mattis, critiqué par un influent sénateur pour s’être abstenu d’accuser le prince héritier saoudien d’avoir commandité le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, a indiqué mercredi chercher encore des preuves pour désigner le responsable de ce crime.

"Si je dis quelque chose, j’ai besoin de preuves", a-t-il déclaré dans l’avion le conduisant à Ottawa, où il doit participer jeudi à une réunion de la coalition antijihadiste en Syrie et Irak. "Je suis convaincu du fait que nous allons trouver d’autres preuves de ce qui s’est passé. Seulement je ne sais pas ce que cela sera, ni qui sera impliqué".

"Quand nous parlerons, ce sera avec l’autorité" que confèreront les faits, a poursuivi le chef du Pentagone. "Je ne veux pas spéculer, tirer des conclusions hâtives, mais nous ne négligeons aucun détail".

"Nous croyons que qui que ce soit qui ait été directement impliqué dans le meurtre de Khashoggi, qui ait ordonné son meurtre, devra rendre des comptes", a-t-il rappelé.

Le ministre de la Défense avait été vertement critiqué la veille par le sénateur républicain Lindsey Graham pour avoir affirmé ne disposer d’aucun "révolver encore chaud" pour accuser le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, surnommé "MBS", d’avoir fait assassiner Jamal Khashoggi.

"Ce n’est pas un révolver encore chaud, c’est une scie encore chaude", avait ironisé M. Graham, qui venait d’être informé de l’état de l’enquête américaine par la directrice de la CIA Gina Haspel.

M. Graham "est un sénateur et il a droit à ses opinions", s’est contenté de répondre M. Mattis.

Jamal Khashoggi, un éditorialiste saoudien critique de Ryad qui écrivait notamment pour le Washington Post, a été tué le 2 octobre dans le consulat d’Arabie à Istanbul, où il s’était rendu pour effectuer des démarches administratives.

La Turquie a demandé mercredi l’arrestation de deux proches de MBS en lien avec ce meurtre, qui a considérablement terni l’image de la pétromonarchie et du prince héritier.

La justice turque a émis des mandats d’arrêt visant Ahmed al-Assiri et Saoud al-Qahtani, accédant à la requête du procureur général d’Istanbul, qui les soupçonne "fortement" de "faire partie des planificateurs" du meurtre.

Le général al-Assiri, ancien chef-adjoint du renseignement saoudien, et al-Qahtani, ex-conseiller "médias" à la cour royale, sont deux membres de la garde rapprochée de MBS.

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