Irak: un 8e Français condamné à mort pour appartenance à l’EI

Un tribunal antiterroriste de Bagdad a condamné à mort dimanche Fodil Tahar Aouidate rejetant ses allégations de torture et faisant de lui le 8e Français à écoper de cette peine pour appartenance au groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Irak.

Le procès de cet homme de 32 ans, décrit comme autoritaire, violent et prêt à mourir pour l’idéologie radicale de l’EI s’était ouvert le 27 mai.

Présent à l’audience, Fodil Tahar Aouidate n’a pas réagi à l’annonce de la sentence, a constaté une journaliste de l’AFP.

Comme 10 autres Français et un Tunisien, il avait été transféré de Syrie, où il était détenu par une force kurde anti-EI, vers l’Irak début janvier.

Il a ensuite été interrogé pendant quatre mois, d’abord par le renseignement puis par un juge d’instruction. A l’ouverture de son procès il avait affirmé avoir été frappé au cours de ces interrogatoires.

Sept Français et le Tunisien ont été condamnés à mort pour appartenance à l’EI depuis le 26 mai.

Par ailleurs, l’audience prévue lundi dans le cadre du procès de Vianney Ouraghi, 28 ans, a été avancée à dimanche. Ce Français d’origine algérienne a dit aux enquêteurs irakiens avoir abandonné ses études de psychologie en France puis s’être radicalisé en ligne.

Toujours selon les "aveux", rendus publics par la justice irakienne, il a suivi "des formations religieuses et militaires", puis fait allégeance à l’EI à Mossoul (nord) en 2014.
Allégations de torture

Au début de l’audience de Fodil Tahar Aouidate, le juge a rejeté les allégations de torture qu’il avait formulées à l’ouverture de son procès. "Selon le rapport médical, il n’y a pas de traces de torture sur son corps", a affirmé le juge Ahmad Mohammad.

Lors de sa première audience, celui qui se faisait appeler Abou Mariam al-Faranssi depuis qu’il avait rejoint la Syrie en 2014 avec 22 membres de sa famille avait assuré que ses interrogateurs l’avaient frappé pour "avouer ce qu’ils réclamaient".

Il avait montré des marques sur son dos au juge qui avait réclamé un examen et un rapport de la médecine légale.

Pour Human Rights Watch (HRW), les procès irakiens présentent de "graves lacunes, dont la torture" et Paris ne devrait pas "sous-traiter la gestion" de ses ressortissants "à des systèmes judiciaires abusifs".

HRW assure en outre avoir "les preuves que les interrogateurs (irakiens) recourent à diverses techniques de torture qui ne laissent pas de marques durables, comme frapper les suspects sur la plante des pieds et les simulacres de noyade".

Paris, qui dit ne pas vouloir s’ingérer dans les décisions de la justice irakienne, affirme avoir réitéré auprès de Bagdad son opposition à la peine de mort.

Originaire de Roubaix (nord de la France), Fodil Tahar Aouidate était apparu peu après les attentats du 13 novembre 2015 en France (130 morts) dans une vidéo. Il y disait son "grand plaisir et grand bonheur de voir ces mécréants souffrir" et menaçait: "on continuera à frapper chez vous".

Celui qui avait été emprisonné en France plusieurs mois pour trafic de drogue a été enregistré dans les archives administratives de l’EI comme un "combattant", selon un document à en-tête du groupe présenté par le juge.

Il était connu du renseignement français pour ses liens avec la mouvance salafiste belge, notamment Abdelhamid Abaaoud, un des organisateurs présumés du 13-Novembre.

Deux de ses soeurs ont été condamnées en France pour "financement du terrorisme", car elles ont, selon le tribunal, envoyé 15.000 euros en Syrie, notamment des allocations familiales perçues par des membres de leur famille après leur départ.

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