Grippe/France : campagne « offensive » pour faire progresser le taux de vaccination

Nouvelle communication "offensive", possibilité de faire le vaccin en pharmacie… Le gouvernement a lancé officiellement lundi la campagne de vaccination contre la grippe avec un objectif: augmenter le taux de protection des populations à risque, en particulier les femmes enceintes et les "jeunes seniors".

"Cette année encore la grippe va faire très mal", proclame le slogan de la campagne publicitaire destinée à "frapper les esprits", dévoilée par le ministère de la Santé, l’Assurance maladie et Santé publique France. Elle met en scène un "personnage pernicieux" en combinaison hérissée de piquants pour personnifier le "méchant" virus.

"Forte fièvre, maux de tête, fatigue intense, courbatures, le film rappelle à quel point la maladie peut être invalidante et comment, face à ce fléau, la vaccination s’impose comme la première des protections", expliquent les autorités sanitaires.

"Loin de constituer une banale infection de type ORL ou respiratoire, comme on le pense souvent, la grippe est au contraire responsable de complications invalidantes et de décès, particulièrement pour les personnes fragiles", a insisté le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, devant la presse.

Chaque année, cette maladie virale touche 2 à 6 millions de personnes, entraîne des dizaines de milliers de passages aux urgences et fait 10.000 morts en moyenne, a-t-il rappelé.

La campagne de vaccination, lancée le 15 octobre, vise en priorité les personnes "fragiles" face au virus: plus de 65 ans, personnes atteintes d’une maladie chronique (diabète, insuffisance cardiaque ou respiratoire…) ou d’une obésité sévère et femmes enceintes, soit "plus de 13 millions de personnes".

Toutes les personnes majeures éligibles peuvent retirer le vaccin à la pharmacie "sur présentation de leur bon de prise en charge de l’Assurance maladie" et se faire vacciner au choix par un médecin, un infirmier, une sage-femme et, nouveauté 2019, un pharmacien volontaire.

– Deux tiers des médecins vaccinés –

Après deux ans d’expérimentation dans quatre régions tests, la possibilité de se faire vacciner en pharmacie a en effet été généralisée.

Quant aux infirmiers, leur rôle est élargi depuis l’an dernier, avec la possibilité de vacciner sans ordonnance l’ensemble des personnes ayant reçu un bon de la Sécurité sociale, y compris les femmes enceintes et ceux se faisant vacciner pour la première fois.

L’objectif est "de multiplier les occasions de se faire vacciner" pour augmenter la couverture vaccinale, "insuffisante avec moins d’une personne fragile sur deux vaccinée (46,8%)", "très loin du niveau de 75% recommandé par l’OMS", a souligné Jérôme Salomon.

Ce chiffre est en régression ces dernières années (il était de 58,7% en 2008), malgré une hausse de 1,2 point l’année dernière.

Deux publics sont particulièrement visés: les "jeunes seniors", qui "se croient encore invincibles", et les femmes enceintes "qui ne savent pas les ravages que peut provoquer la grippe", a détaillé Olivier Lyon-Caen, médecin-conseil national à la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM).

Chez ces dernières, le taux de vaccination n’était que de 7,4% selon les dernières données connues (2016), souvent par crainte des effets sur le foetus, alors que la vaccination protège au contraire contre les risques de fausse couche et de naissance prématurée qu’entraîne une grippe pendant la grossesse.

Les pouvoirs publics insistent aussi sur la vaccination insuffisante des professionnels de santé, pourtant "essentielle pour éviter la transmission de la maladie" aux plus fragiles.

Selon une étude publiée lundi, seuls 35% des professionnels de santé travaillant en hôpital ou en clinique étaient vaccinés contre la grippe l’an dernier, un chiffre toutefois en nette progression par rapport à il y a dix ans (25,6%).

Une expérimentation sera menée pendant trois ans en Normandie et en Ile-de-France pour déterminer "quels sont les meilleurs moyens pour entraîner une adhésion optimale" chez ces professionnels.

Interrogé sur l’idée de rendre obligatoire le vaccin de la grippe dans cette population, le directeur général de la Santé a déclaré que "tout ça fait l’objet de réflexions, mais on en appelle surtout à leur mobilisation dans l’intérêt des patients".

L’hiver dernier, l’épidémie de grippe saisonnière a entraîné une mortalité moins élevée que la moyenne des années précédentes, mais sur une période plus courte, avec 8.100 décès estimés, selon un nouveau bilan de Santé publique France.

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