France : une rencontre-débat souligne le rôle d’interface stratégique du Maroc dans le partenariat Europe-Afrique

De par son positionnement géographique et ses relations privilégiées avec l’Europe et l’Afrique, le Maroc joue un rôle d’interface stratégique entre les deux continents, a-t-on souligné lors d’une rencontre-débat sur « La place du Maroc dans le partenariat Europe-Afrique », organisée, lundi à Neuilly-sur-Seine, une commune limitrophe de la ville de Paris.

La rencontre, qui s’est tenue à l’initiative du Cercle International de Neuilly, une structure réunissant des ambassadeurs et des diplomates français et étrangers, ainsi que des responsables politiques, économiques et universitaires ayant un lien avec cette commune du département des Hauts-de-Seine, en région Île-de-France, a réuni des personnalités du monde de la politique, de la diplomatie et de l’Economie françaises et internationales.

Elle a été l’occasion pour l’Ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa de brosser un tableau exhaustif de la relation qu’entretient le Maroc avec l’Afrique, son continent d’origine et d’appartenance, et l’Europe, le continent avec lequel le Royaume entretient une relation privilégiée mais aussi stratégique. Cette rencontre a permis au diplomate marocain de passer en revue un certain nombre de défis communs aux deux continents.

«En tant que pays africain, le Maroc, a toujours considéré, en raison de sa proximité géographique, qu’il avait une relation particulière avec l’Europe », a dit M. Benmoussa qui est revenu sur les liens avec le vieux continent, façonnés par l’Histoire mais aussi par les relations humaines (présence d’une forte diaspora marocaine en Europe), ainsi que par les échanges culturels.

Le diplomate marocain a tenu également à souligner les importants échanges économiques entre le Maroc et l’Union Européenne qui réalise 64 % de ses exportations et 54 % de ses importations avec le Maroc. Quand aux importations et exportations du Maroc de et vers l’UE, elles se chiffrent respectivement à 21 et 14 milliards d’euros, a-t-il indiqué.

«Le Maroc a donc une relation stratégique et privilégiée avec l’Union Européenne. Une relation qui ne cesse de se renouveler avec une ambition affichée de part et d’autre de la consolider encore davantage. En même temps, le Royaume entretient avec son continent d’appartenance, une relation ancienne mais qui connaît une nouvelle dynamique que lui insufflent notamment les liens spirituels, humains, économiques et culturels", a expliqué M. Benmoussa.

Depuis, l’année 2000, la relation avec l’Afrique a connu une nouvelle dynamique à la faveur des nombreuses visites royales dans ce continent et des milliers de conventions bilatérales signées. Cette nouvelle dynamique s’est également illustrée par le retour du Maroc à l’Union africaine en vue d’apporter sa propre contribution au développement du continent et au bien être de sa population. « Ainsi le Maroc contribue à l’intégration économique de l’Afrique à travers sa présence dans de nombreux secteurs économiques (banques, pêche, agriculture, télécom, mines), devenant ces dernières années le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le deuxième dans toute l’Afrique », a relevé M. Benmoussa.

Les relations humaines et spirituelles entre le Maroc et l’Afrique sont également très denses, comme en témoignent les 20.000 étudiants africains qui poursuivent leurs études dans le Royaume dont plus de la moitié sont des boursiers du Maroc, sans oublier la formation des imams africains. Le Maroc est aussi très actif au niveau de la transition écologique de l’Afrique, et ce en abritant une série de réunions sur le changement climatique, a-t-il souligné.

« Si le Maroc, pays stable de la région, a consolidé ses liens aussi bien avec l’Afrique qu’avec l’Europe, c’est grâce au leadership de Sa Majesté le Roi, sa vision de long terme et aux réformes stratégiques mises en place, notamment celles économiques destinées à renforcer l’attractivité du Royaume », a tenu à souligner l’ambassadeur du Maroc, ajoutant que «c’est en s’appuyant sur ces réformes et sur les nouveaux défis, notamment la réflexion engagée actuellement sur le modèle de développement marocain, que le Royaume continue de construire et de renforcer sa relation avec les deux continents».

«Pays ouvert sur le reste du monde, le Maroc multiplie également les partenariats avec d’autres pays notamment les USA, la Russie et la Chine, mais il n’en reste pas moins que la relation avec l’Europe, particulièrement avec la France, demeure particulièrement importante et stratégique pour le Royaume », a affirmé l’ambassadeur marocain.

Revenant sur la relation Europe-Afrique, M. Benmoussa a fait observer qu’elles connaissent une profonde mutation. « L’Europe commence à perdre l’influence qu’elle avait en Afrique en raison de l’émergence d’autres puissances qui commencent à s’intéresser à ce continent. En même temps, l’Afrique a changé beaucoup elle aussi. Le continent se transforme et s’émancipe », a dit le diplomate marocain soulignant toutefois que l’UE demeure le premier partenaire commercial de l’Afrique et que le transfert des connaissances reste assez constant.

Selon le diplomate marocain, le voisinage Europe-Afrique impose une certaine interdépendance entre les deux blocs, soulignant, dans ce contexte, le destin commun qui rend nécessaire le partenariat stratégique entre les deux continents.

Il a également fait remarquer l’émergence, ces dernières années, des prémices d’un raffermissement de la relation Europe-Afrique, soulignant la nécessité pour la politique européenne de voisinage de se renouveler et de gagner en efficacité.

Le Maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin a souligné, dans une déclaration à la MAP, l’importance de cette rencontre-débat qui porte sur deux dimensions. « La première dimension franco-marocaine historique qui, sur le plan amical, économique, culturel et politique, a une histoire et mérite d’être entretenue. Et une seconde dimension Europe-Afrique ».

A ce sujet, il a estimé que « le Maroc et la France ont une double responsabilité : l’un compte-tenu de son influence en Afrique, et l’autre compte-tenu de son influence en Europe », affirmant que « quand la France et le Maroc se parlent, c’est l’Europe et l’Afrique qui se parlent ».

Et de relever le caractère « essentielle » de cette dimension, car « il est très dur de faire parler deux continents, alors qu’il est plus facile de maintenir le dialogue entre deux pays, pour autant que chacun se sente responsable quelque part du continent auquel il fait partie ».

De ce point de vue, il a estimé que « la responsabilité marocaine et celle française sont de nature à fluidifier, améliorer, construire et imaginer cette relation entre l’Afrique et l’Europe ».

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