France : remaniement, la longue attente continue

Patienter. Jusqu’à quand ? La longue attente se poursuivait samedi autour du remaniement attendu au gouvernement, au risque de créer parfois une certaine lassitude onze jours après la démission du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.

Alors que les tractations se poursuivent ce week-end, sans aucune fumée blanche à l’horizon, les derniers échos remontant de sources proches de l’exécutif tablent sur une possible annonce lundi pour une recomposition qui tarde à se concrétiser.

Vendredi à l’issue du sommet de la Francophonie en Arménie, Emmanuel Macron a défendu sa décision de prendre son temps en affirmant que le processus avançait "dans le calme".

Un tel remaniement "c’est important, ce sont des engagements, et donc il faut faire les choses avec méthode, au bon rythme (…) J’essaie de faire les choses de manière professionnelle", a affirmé le président dans un entretien accordé à France 24 et RFI, partenaires du sommet.

L’Elysée a démenti tout "bras de fer" sur le choix des profils adéquats entre Emmanuel Macron et le Premier ministre Edouard Philippe qui doivent déjeuner ensemble lundi. La présidence a seulement reconnu une "discussion" entre les deux hommes, confirmant au passage que le Premier ministre, et pas seulement le chef de l’Etat, avait posé son veto à certains noms envisagés pour entrer au gouvernement.

Alors que l’idée d’un remaniement plus large qu’un simple remplaçant poste par poste pour Gérard Collomb est actée, le choix du futur ministre de l’Intérieur reste au centre des tractations.

Des informations de presse ont prêté à Edouard Philippe l’intention de nommer place Beauvau un tandem composé de l’ex-LR Gérald Darmanin et du LR Frédéric Péchenard, tous deux amis de Nicolas Sarkozy, plutôt qu’un fidèle du président Macron, comme Christophe Castaner, qui semble tenir la corde.

Parmi les sortants possibles du gouvernement figurent toujours Françoise Nyssen (Culture), Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou encore Stéphane Travert (Agriculture). Plusieurs noms ont circulé dans les médias pour les remplacer. En réalité, le mystère reste entier sur l’identité des heureux élus ainsi que sur l’ampleur du jeu de chaises musicales engagé.

Être "plus zen"

"En matière de remaniement il y a un adage qui ne se dément jamais: ceux qui savent ne disent rien et ceux qui ne savent pas parlent beaucoup trop. Moi quand je ne sais pas je me tais. Donc je me tais parce que je ne sais pas", a résumé samedi sur franceinfo Olivier Dussopt, ministre de l’Action et des Comptes publics.

Selon le politologue Jérôme Fourquet, le temps inhabituellement long pris pour remanier s’explique par un "vivier assez resserré", des procédures de vérification "plus complexes que par le passé" et un besoin "encore plus stratégique que par le passé" de respecter les équilibres politiques au sein de la Macronie.

Certains plaident ainsi pour un maintien de l’équilibre initial du macronisme, alliage de personnalités venues de la gauche, du centre et de la droite. Quand d’autres, notamment à Matignon, veulent poursuivre un élargissement vers la droite, vers les juppéistes et l’aile modérée de LR.

La durée du feuilleton du remaniement s’accompagne d’une certaine lassitude, en France comme à l’étranger. "Ce remaniement est-il une promesse électorale de Macron ? Non. Ce remaniement donnera-t-il du pouvoir d’achat aux Français ? Non. Ce remaniement irritera-t-il fortement Trump, Poutine et Xi Jinping ? Non. Alors pourquoi remanier ?", s’interroge Bernard Pivot sur Twitter.

Richard Werly, correspondant à Paris du journal suisse Le Temps, fustige dans une tribune un "emballement médiatique généralisé" autour de ce remaniement suivi "presque minute par minute", au risque d’une "déconnexion généralisée avec les électeurs".

Marielle de Sarnez, éphémère ministre des Affaires européennes au début du quinquennat, appelle, elle, tout le monde à être "plus zen".

"L’excitation des remaniements est certes une vieille habitude française. Mais un peu de calme ne ferait pas de mal", souligne l’élue MoDem samedi dans le Point, renvoyant à l’exemple de l’Allemagne où "ces processus de discussion, de recherche du meilleur équilibre, prennent beaucoup plus de temps" encore.

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