France : les « gilets jaunes » s’essoufflent, mais Macron très impopulaire

L’essoufflement de la mobilisation des « gilets jaunes » à Paris et dans le reste de la France a amené le gouvernement à appeler à la fin de ce mouvement de contestation, mais un sondage a montré dimanche combien le président Emmanuel Macron devenait de plus en plus impopulaire.

Les participants ont été moitié moins nombreux lors de ce cinquième samedi de manifestations, qui s’est déroulé dans un plus grand calme, malgré quelques tensions en fin de journée.

Cet "acte 5" est "un peu un échec, mais c’est à cause de l’État qui nous empêche de manifester correctement", estimait Lucie, une aide ménagère de 35 ans venue de banlieue parisienne pour manifester dans la capitale.

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a exhorté à mettre un terme aux blocages qui perturbent la circulation et la vie quotidienne. "Les ronds-points doivent être libérés et la sécurité de tous redevenir la règle", a-t-il tweeté. "La journée se termine bien" et "le dialogue doit maintenant rassembler l’ensemble de ceux qui veulent transformer la France", d’après lui.

Le mouvement des "gilets jaunes" a été endeuillé par huit morts, dont les deux derniers en date vendredi, celle d’un automobiliste qui a percuté un camion arrêté par un barrage et la passagère d’une voiture heurtée par une autre à un endroit où la circulation était réduite à une voie.

Le président de l’Assemblée nationale française et membre de la majorité, Richard Ferrand, a salué une baisse de mobilisation "nécessaire". Il a affirmé au Journal du dimanche que les promesses présidentielles seraient tenues. "Nous allons injecter plus de 10 milliards d’euros dans le pouvoir d’achat des Français", a-t-il martelé.

Mais le président Macron est de moins en moins apprécié de l’opinion. Sa cote de popularité est tombée à 23% de "satisfaits" (-2 points) et 4% de "très satisfaits" (stable), contre 76% de "mécontents" (+3 points), d’après un sondage Ifop pour Le Journal du dimanche.

Lundi, le chef de l’État avait annoncé une hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au salaire minimum, ou encore l’annulation d’une hausse d’impôt sur les petites retraites. La journée avait donc valeur de test.

Le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 66.000 manifestants dans toute la France au plus fort, à la mi-journée, deux fois moins que les 126.000 recensés à la même heure le samedi précédent. Seules 2.200 étaient recensées à Paris, contre 10.000 une semaine auparavant.

Les Champs-Élysées ont été rouverts à la circulation en fin journée. De petites échauffourées y avaient opposé "gilets jaunes" et forces de l’ordre en fin de journée, sans le déferlement de violence survenu les semaines passées dans les beaux quartiers.

Les autorités ont fait état de 157 interpellations dont 104 gardes à vue à Paris, et sept blessés légers, bien en-deçà des chiffres record de la semaine dernière.

Des heurts ont également eu lieu dans le sud-ouest, à Toulouse et Bordeaux. Des projectiles divers ont été jetés sur les forces de l’ordre, qui ont riposté avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Et Bordeaux s’est distingué par le maintien du nombre de manifestants, à 4.500 selon la préfecture.

Ailleurs, le nombre de "gilets jaunes" dans les rues connaissait une forte décrue, comme à Nantes (ouest), Saint-Étienne (centre-est) ou Strasbourg (est).

"C’est un peu décevant. On s’attendait à avoir un peu plus de monde", déplorait Francis Nicolas, un manifestant de 49 ans à Lyon. "Peut-être que le mouvement va s’essouffler dans les rues, mais il ne s’essoufflera pas dans les têtes", assurait Lorenzo Gennaro, 34 ans, de Grenoble (est).

Même moins nombreux, les "gilets jaunes" restaient très revendicatifs.

"On se battra tant qu’on n’aura pas gain de cause", assurait Daisy, venue à Paris de l’Isère (sud-est) avec son compagnon. Le couple, qui se "serre la ceinture" pour ses "petits", ne s’offrira pas de cadeaux pour Noël: "C’est trop compliqué de se faire plaisir, on s’offrira des câlins".

L’une des principales mesures demandées samedi par les manifestants était la mise en place de référendum d’initiative citoyenne (RIC), à l’image de ce qui se fait déjà en Suisse et en Italie.

"Entendez cette injonction du peuple, rendez-nous notre liberté et notre souveraineté", lançait l’une des figures du mouvement, Maxime Nicolle, depuis la place de l’Opéra à Paris en début d’après-midi.

À Paris et dans les grandes villes, de nombreuses façades de banques et de magasins avaient été une nouvelle fois recouvertes de contreplaqué pour se protéger d’éventuels pillages et dégradations.

Mais de nombreux monuments et musées fermés le samedi précédent avaient ouvert leurs portes, comme la Tour Eiffel, les musées du Louvre et d’Orsay ou le Grand Palais.

"C’est calme. Ce n’est pas ce que la télé montre", se félicitait devant les vitrines de Noël des Galeries Lafayette une touriste belge, Tracy Montaigne, 26 ans, venue de Mouscron.

Les cafés avaient également ouvert pour tenter de combler le manque à gagner des samedis précédents. Car l’économie a pris un coup avec ces samedis perdus pour le commerce à l’approche des fêtes, et la croissance, déjà faible en France, sera inférieure aux prévisions.

Le président de la Confédération des commerçants de France a estimé samedi que le mouvement représentait "une véritable catastrophe" pour les petits commerces, avec une baisse du chiffre d’affaires comprise entre "40% et 70%".

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