France: grève nationale jeudi pour tenter un front uni contre les réformes Macron

Cheminots, fonctionnaires, étudiants… Alors que les grèves se multiplient secteur par secteur en France, des syndicats organisent jeudi une mobilisation nationale et interprofessionnelle dans l’espoir de constituer un front uni contre les réformes tous azimuts du président Emmanuel Macron.

"Convergence des luttes!" Tel est le mot d’ordre des syndicats CGT, premier de France, et Solidaires, qui appellent à la mobilisation ce jeudi. Plusieurs manifestations sont prévues, notamment à Paris à 12H00 GMT.

Les deux organisations, pour l’instant isolées dans cet appel, tentent ainsi d’unifier les nombreux mécontentements distincts qui perlent le paysage social français.

Les multiples réformes du président Macron, dans la fonction publique, l’enseignement ou encore le transport ferroviaire ont fait naître des protestations tout aussi nombreuses.

La réforme de la SNCF, opérateur ferroviaire français, est celle qui a provoqué le mécontentement le plus visible, avec des grèves paralysantes deux jours sur cinq de début avril à fin juin. Mais des mobilisations ont également secoué les établissements pour personnes âgées dépendantes, les établissements pénitentiaires, les éboueurs…

Une grève dure secoue de plus Air France, pour des revendications salariales, tandis que plusieurs universités sont bloquées par des étudiants refusant une réforme d’accès à l’enseignement supérieur qu’ils dénoncent comme une "sélection".

Mais jusqu’à présent, la "convergence des luttes", tant voulue par certains syndicats et des politiques de gauche, ne s’est pas dessinée.

"J’entends toutes les colères", a réagi Emmanuel Macron dimanche, tout en réfutant une "coagulation" des "mécontentements". Les différents mouvements sociaux ont, selon lui, "peu à voir" entre eux.

SNCF, vers la fin du statut avantageux

La dernière mobilisation interprofessionnelle remonte au 16 novembre. Point final d’un mouvement infructueux contre la réforme du Code du travail de l’ancien gouvernement socialiste, elle avait attiré 80.000 manifestants dans les rues de France, selon la police.

Depuis, les mobilisations, organisées sur des mots d’ordre sectoriels, ont changé de dimension: le 22 mars, 323.000 personnes ont participé aux cortèges des fonctionnaires et des cheminots selon la police, "plus de 500.000" selon la CGT.

Les cheminots dénoncent une réforme du rail qui entend mettre fin à leur statut avantageux, qui inclut notamment l’emploi à vie, mais annoncée par le gouvernement comme nécessaire pour améliorer la rentabilité de la SNCF dans la perspective de l’ouverture du secteur à la concurrence.

Le projet de loi doit être adopté dès ce mardi en première lecture par l’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement, avec un large soutien de l’opposition de droite.

De leur côté, les fonctionnaires préparent une deuxième journée de mobilisation unitaire le 22 mai, après celle du 10 octobre. Ces appels par la totalité des syndicats de fonctionnaires sont inédits depuis dix ans. Ils entendent s’opposer à une autre réforme Macron, qui entend supprimer 120.000 postes sur les quelque 5,64 millions de fonctionnaires que compte la France.

Dans l’esprit des initiateurs de la mobilisation de jeudi, la journée n’est qu’une "première étape" avant un 1er-Mai — traditionnelle fête du travail et journée de mobilisation sociale en France– qu’ils souhaitent "unitaire".

Mais les deux syndicats restent pour l’instant isolés: les autres grandes organisations, plus modérées, que sont la CFDT et FO, n’ont pas appelé à la mobilisation.

"La convergence des luttes, ce n’est pas la tasse de thé de la CFDT. Pour une raison simple: c’est qu’elle ne permet jamais d’avoir des résultats concrets pour les travailleurs", déclarait fin mars Laurent Berger, numéro un de la CFDT.

Quant à FO, en première ligne en 2016 contre la réforme du Code du travail, elle a revu sa position depuis l’élection d’Emmanuel Macron. L’arrivée prévue le 27 avril d’un nouveau secrétaire général, Pascal Pavageau, à la tête du syndicat pourrait néanmoins changer les choses. M. Pavageau a déjà mis en garde le gouvernement contre des mouvements qui pourraient devenir "de plus en plus interprofessionnels".

Quant à une convergence avec les partis politiques, la CGT continue de s’y opposer. Le syndicat ne participera pas à la manifestation du 5 mai proposée par le député François Ruffin, de la gauche radicale.

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