Fifax ou l’univers d’un artiste-peintre nourri par Jules Vernes

Rêvé, fantasmé, utopique… Fifax – Philippe Vermeulen de son vrai nom – invente un univers nourri par un Jules Vernes, dans lequel on s’abandonne avec délice. Il vient de fêter ses 25 ans de carrière à la galerie Art Club et expose cette semaine à la galerie Diane von Furstenberg à Paris. Toujours prêt à nous embarquer pour un nouveau voyage. Interview:

Propos recueillis par Stéphanie Pioda

On a l’impression que vos tableaux sont le fruit d’un délire de peintre, mais à chaque fois, vous creusez le sujet, vous vous documentez. Est-ce que cela fait partie du processus ?

Fifax: Oui, sinon ce n’est pas intéressant. Je ne peins pas ce que je ne connais pas. Lorsque j’ai travaillé sur Eiffel, c’était suite à une rencontre avec Philippe Coupérie-Eiffel [arrière-arrière-petit-fils du célèbre bâtisseur de la tour] qui, après avoir vu une de mes expositions, m’a proposé de travailler sur l’univers de Gustave Eiffel. J’ai ainsi pu être au plus près du sujet. De même, lorsque j’ai rencontré le Président de la République qui m’a proposé de peindre l’Elysée, c’était au départ juste un mot qui m’a amené à y passer 7 mois ! J’ai pu m’imprégner du lieu, tout comme à la Garde républicaine. J’aime rentrer dans un univers et en ressortir des tableaux.

Finalement, soit vous nous racontez des histoires, soit vous racontez des lieux d’histoire ?

Oui, il y a cela. J’aime aussi aller dans des endroits difficiles d’accès mais tout part toujours d’une rencontre, avec des ramoneurs pour monter sur les toits de Paris ou à New York, avec les concierges des immeubles qui m’ont permis d’accéder à des toits où personne n’est allé! Si on ne me ferme pas la porte, je rentre ! Où que ce soit. À l’hôtel de Lassay [la résidence du Président de l’Assemblée nationale], j’avais peint sur le vif le petit jardin à la française et comme personne ne me l’a interdit, je suis allé aussi sur les toits !

Vous avez besoin d’être sur le motif ?

Non, je fais des photos et je recompose mon image pour créer des utopies afin de rester dans l’imaginaire. Je prends beaucoup de liberté comme avec la lumière par exemple, j’ai souvent des ciels couchants avec des lumières de plein jour. En tout cas, il y a toujours une histoire à raconter, d’où le titre de l’exposition.

Comment construisez-vous votre tableau ?

Je travaille par couches. Je construis d’abord le trait, puis recouvre de plusieurs glacis en partant de couleurs foncées (un moment le tableau est sombre et dense) pour terminer par le blanc : c’est la lumière. A ce moment, je rentre dans le vif du sujet en créant véritablement le volume. C’est l’étape la plus jouissive.

Comment gérez-vous le marché de l’art ?

J’ai une cote dans les galeries – un grand tableau se vend autour de 15 000-20 000 euros, un dessin à l’encre 1000-1500 euros – mais c’est rare de voir une toile passer aux enchères car les collectionneurs ne les vendent pas. Cela fait 25 ans que j’avance en dehors du système avec le hasard des rencontres, des collectionneurs fidèles et un carnet d’adresses. La plupart ont souvent 10-15 tableaux et jusqu’à plus de 30 pour un collectionneur en particulier ! Et aujourd’hui, je touche les deuxièmes générations, les enfants qui ont grandi avec mes tableaux chez leurs parents. Je travaille dans la tradition et j’ai la chance d’avoir une forte personnalité picturale qu’on identifie immédiatement.

« Fifax. Histoire(s) de peintre »,
www.fifax.com

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