Fiat retire son offre de fusion avec Renault

Le constructeur Fiat Chrysler (FCA) a retiré dans la nuit de mercredi à jeudi sa proposition de fusion avec Renault pour former le numéro 3 mondial de l’automobile, faute d’obtenir un engagement rapide du groupe français, freiné par l’Etat actionnaire.

Le constructeur automobile italo-américain Fiat Chrysler a annoncé dans un communiqué qu’il retirait son offre de fusion avec Renault, estimant que "les conditions politiques (n’étaient) actuellement pas réunies en France pour mener à bien un tel rapprochement".

Le conseil d’administration du groupe au losange, réuni mercredi soir pour la deuxième journée consécutive, afin d’étudier cette proposition, n’a pas été en mesure de prendre une décision.

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire "a fait savoir qu’il voulait un (nouveau) conseil (d’administration) mardi (prochain) après son voyage au Japon" prévu en fin de semaine, a expliqué une source proche de Renault. Le ministre souhaitait s’entretenir au préalable avec son homologue japonais afin de ne pas risquer un divorce avec Nissan, l’allié de 20 ans de Renault.

Durant la réunion mercredi soir, au siège de Boulogne-Billancourt, près de Paris, "tous les administrateurs étaient pour (la fusion), à part un représentant des salariés affilié à la CGT, qui était contre, et les deux représentants de Nissan" qui pensaient s’abstenir, a ajouté cette source. Les deux administrateurs nommés par Nissan ont cependant indiqué "qu’ils pourraient dire oui avec un peu plus de temps".

Tenu à l’écart des discussions entre Renault et FCA jusqu’à l’annonce du projet il y a dix jours, Nissan, dont Renault détient 43 % du capital, et qui contrôle 15 % de Renault, craignait d’être marginalisé dans l’opération mais y voyait aussi des opportunités en matière de partages de technologies.

Le rejet en avril par Nissan d’une proposition d’intégration renforcée avec Renault avait précipité les négociations franco-italiennes.

"Décision précipitée de FCA"

Les relations au sein du partenariat franco-japonais se sont considérablement tendues depuis l’arrestation en novembre dernier de l’ancien patron emblématique Carlos Ghosn, mis en examen au Japon pour diverses malversations à la suite de dénonciations par des dirigeants de Nissan.

"On regrette la décision précipitée de FCA. Depuis le début, l’Etat a souhaité que le temps nécessaire soit donné pour examiner cette opération structurante", a expliqué à l’AFP une source proche de Bercy. "Malgré des progrès significatifs, un court délai était encore nécessaire pour que l’ensemble des conditions fixées par l’Etat soit remplies", a-t-elle ajouté.

M. Le Maire, s’exprimant au nom de l’Etat français, premier actionnaire de Renault avec 15 % du capital, avait posé quatre conditions à son feu vert dès la semaine dernière. La première d’entre elle était que ce mariage respecte l’alliance avec Nissan.

Il avait également insisté sur "la préservation des emplois et des sites industriels, une gouvernance équilibrée et la participation du futur groupe au projet européen de batterie électrique".

Mercredi matin, il avait mis en garde contre toute "précipitation". "Prenons le temps, pour faire les choses bien. C’est une opération de grande ampleur", avait déclaré le ministre.

L’une des craintes était que ce "mariage entre égaux" aboutisse finalement à faire passer Renault sous pavillon italien.

Le projet prévoyait la création d’une holding basée à Amsterdam et détenue à parts égales par les actionnaires de Renault et FCA.

La famille Agnelli, qui possède 29 % de Fiat Chrysler, aurait vu sa part mécaniquement diluée à 14,5 %, mais serait restée de loin le premier actionnaire, pesant près du double de l’Etat français qui serait tombé à 7,5 % du capital.

L’actuel président de FCA John Elkann, petit-fils de l’emblématique président de Fiat Gianni Agnelli, était pressenti pour présider la nouvelle entité, tandis que son homologue chez Renault Jean-Dominique Senard aurait assuré la direction exécutive.

La fusion aurait créé un groupe de plus de 30 milliards d’euros de valorisation boursière, produisant 8,7 millions de véhicules par an.

En y ajoutant les volumes de Nissan et Mitsubishi, les deux alliés japonais de Renault, l’ensemble aurait représenté près de 16 millions de véhicules par an, loin devant Volkswagen et Toyota (environ 10,6 millions chacun).

L’idée était d’atteindre une taille critique permettant de financer sans problème les ruptures technologiques qui bouleversent l’industrie automobile: électrification, véhicules autonomes et connectés.

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