Espagne : Sanchez chargé de former le prochain gouvernement

Le socialiste Pedro Sanchez, chef du gouvernement sortant, a été chargé jeudi par le roi d’Espagne de former un nouveau cabinet après sa victoire aux élections mais devra encore négocier avec une multitude de partis pour être reconduit.

Felipe VI a "proposé Pedro Sanchez comme candidat à la présidence du gouvernement", a annoncé la présidente de la chambre des députés Mertixell Batet, après la rencontre entre M. Sanchez et le souverain, qui a reçu depuis mercredi les nombreuses forces politiques présentes à la chambre des députés.

"C’est une charge que j’assume avec honneur" et avec "responsabilité", a déclaré peu de temps après M. Sanchez devant la presse.

Son investiture pour un mandat de quatre ans, qui devrait avoir lieu début juillet, ne fait guère de doute alors qu’aucun autre chef de parti ne dispose d’assez de voix pour tenter d’obtenir la confiance de la chambre basse.

"Il n’y a pas de majorité alternative à celle que propose le Parti socialiste", a-t-il martelé.

A droite, les conservateurs du Parti populaire (PP), les libéraux de Ciudadanos et l’extrême droite de Vox ont promis de lui mener la vie dure, mais sont résignés à être dans l’opposition.

Sanchez "tire profit du fait que l’opposition face à lui est très fragmentée et ne peut pas articuler une majorité alternative", a commenté Pablo Simon, politologue de l’université Carlos III de Madrid.

Arrivé au pouvoir il y a un an à la faveur d’une motion de censure contre son prédécesseur Mariano Rajoy (PP), le socialiste devrait cette fois obtenir directement la confiance des députés, lui qui l’avait tenté sans succès en mars 2016.

Pour être reconduit, le socialiste de 47 ans aura besoin de 176 voix lors du vote d’investiture, soit la majorité absolue des 350 sièges à la chambre.

S’il n’atteint pas ce seuil, un second tour devra être organisé deux jours après, où une majorité simple lui suffira.
Négocier à 17

Vainqueur du scrutin du 28 avril et comptant 123 députés, le Parti socialiste (PSOE) de M. Sanchez va devoir désormais négocier avec les autres forces d’un paysage politique très morcelé: 17 partis sont représentés à la chambre.

La coalition de gauche radicale Unidas Podemos, 42 députés, s’est déjà montrée disposée à voter pour lui mais réclame en échange d’entrer au gouvernement.

Une option que veut éviter M. Sanchez qui préfèrerait former un gouvernement socialiste minoritaire et chercher des appuis au cas par cas.

Au-delà de Podemos, le PSOE va devoir aussi marchander le soutien d’une multitude de partis régionalistes d’ici au vote d’investiture.

Il veut en revanche se passer de celui des séparatistes catalans et basques, de peur d’être accusé par la droite de leur faire des concessions.

"La fragmentation fait que le gouvernement va devoir se battre pour chaque soutien", commente Pablo Simon.

Deux semaines après des élections locales, des tractations sont déjà engagées pour former les gouvernements des régions et elles pourraient conditionner les votes à la chambre des députés.
Difficile mandat

Une fois passé le cap de l’investiture, Pedro Sanchez ne sera pour autant pas tiré d’affaire: il devra constituer des majorités au cas par cas pour faire adopter ses lois -dont le budget 2019, toujours dans les cartons- et l’épineux dossier catalan promet d’empoisonner son mandat.

De lourdes peines à l’automne contre 12 dirigeants indépendantistes, jugés par la Cour suprême pour avoir tenté de faire sécession de l’Espagne en octobre 2017, pourraient encore durcir l’attitude des séparatistes catalans qui ont obtenu 22 députés lors des élections. Quatre d’entre eux, jugés au procès et en détention provisoire, ont toutefois été suspendus de leurs fonctions.

Depuis le début du procès, les indépendantistes au pouvoir en Catalogne multiplient les gestes de défiance envers les socialistes. Ils ont précipité les élections anticipées en refusant de voter le budget de l’Etat, puis ont empêché l’élection d’un proche de Pedro Sanchez à la présidence du Sénat.

"Le climat est difficile, parce que le procès déforme tout", estime Pablo Simon.

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