Emmanuel Macron : un grand oral pour convaincre les français

Cinq mois après le début des « gilets jaunes » et trois après celui du « grand débat », le président français Emmanuel Macron s’apprête jeudi à défendre les mesures avec lesquelles il espère relancer son mandat et éteindre la contestation.

Pouvoir d’achat, retraites, démocratie, décentralisation, environnement, santé, ruralité…: le chef de l’Etat, attendu sur de multiples dossiers, s’exprimera à partir de 18H00 (16H00 GMT) dans la salle des fêtes du palais présidentiel de l’Elysée.

Ce rendez-vous initialement prévu le 15 avril avait été annulé in extremis en raison de l’incendie qui a dévasté la cathédrale Notre-Dame de Paris à la même heure.

Pour sa première conférence de presse depuis son arrivée au pouvoir en mai 2017, le chef de l’Etat est appelé à aller "au fond des choses": "On n’est pas là pour voir une performance, on est là pour des réponses sur le fond", a prévenu Gaspard Gantzer, l’ancien conseiller en communication du prédécent président français François Hollande (2012-2017).

M. Macron fera une présentation d’une vingtaine de minutes qui "donnera des perspectives et un cap" après la crise sociale et politique qui bouleverse sa présidence depuis l’automne, selon ses services.

Puis il répondra en direct à la télévision aux questions des journalistes français et étrangers. Mais "ce ne sera pas un grand débat avec les journalistes", avertit son entourage, en référence aux longues rencontres des derniers mois.

Emmanuel Macron, qui sera entouré des membres du gouvernement, veut ensuite "très rapidement se mettre en ordre de bataille pour définir un calendrier" de mise en oeuvre de ces annonces, assure la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

Une partie de ces mesures sont déjà connues pour avoir fuité dans la presse. Le chef de l’Etat ne va pas les "changer en profondeur" mais il va "les expliquer" et "rien n’interdit d’en ajouter", souligne son entourage.

Il devrait ainsi préciser les conditions des baisses d’impôts pour les classes moyennes, de la réindexation des retraites inférieures à 2.000 euros et la promesse de ne pas fermer d’écoles ou d’hôpitaux jusqu’à la fin du quinquennat. Autant de revendication des "gilets jaunes" au fil des cortèges.

– "Tellement d’attente" –

Des éclaircissements sont également attendus sur l’évocation d’un possible allongement de la durée du travail pour financer la dépendance et le grand âge. Sujet qui fait déjà grincer des dents.

Sont aussi attendues des annonces sur la transition écologique, quasiment absentes de l’allocation prévue le 15 avril si l’on en croit les fuites.

Il doit enfin éclaircir le sort de l’Ecole nationale d’administration (ENA), dont la suppression a été évoquée dans la première mouture mais qui, finalement, passerait à la trappe, selon les indiscrétions de l’hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné.

Le chef de l’Etat a fort à faire pour convaincre les Français, qui ne sont que 24% à penser que le grand débat entamé fin janvier a permis d’améliorer la situation politique, économique et sociale du pays, selon un sondage Ipsos-Sopra Steria publié mercredi par le quotidien Le Monde.

"Je ne doute pas que les commentaires seront majoritairement négatifs car il y aura eu tellement d’attente", prévient un membre du gouvernement.

Evoquant "la crise d’identité et la crise sociale" que traverse le pays, le président du Sénat et deuxième personnage de l’Etat, Gérard Larcher, a appelé Macron à "s’attaquer aux racines du mal": le sentiment pour une partie des Français de "ne plus compter".

L’opposition est partagée entre attentisme et dénonciation d’un exercice qui pollue la campagne pour les élections européennes du 26 mai.

Mais la vraie réponse viendra de la rue, avec le risque de décevoir des revendications diffuses et des attentes difficiles à cerner.

Chaque samedi depuis le 17 novembre 2018, les "gilets jaunes" convoquent leurs troupes dans les rues pour des défilés généralement émaillés d’incidents violents.

Ceux du 23 avril ont encore rassemblé entre 29.000 participants selon les autorités et 100.000 selon les organisateurs. Loin cependant des plus de 280.000 manifestants des débuts.

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