Diane Audrey Ngako: « L’Afrique doit repenser son avenir elle-même »

Après avoir vécu à Paris, Diane Audrey Ngako est une entrepreneuse camerounaise qui a choisi d’être une actrice du développement de l’Afrique. Ancienne journaliste au Monde, Fondatrice du site web « Visiter l’Afrique » et à la tête d’Omenkart, l’agence créatrice qu’elle a fondée. Pour vivre son expérience entrepreneuriale mais surtout ses convictions pour l’Afrique jusqu’au bout, elle est retournée s’installer au Cameroun. Elle a été classée par le magazine américain Forbes parmi les Jeunes Africains de moins de 30 ans les plus prometteurs pour l’avenir.
Atlasinfo a rencontré Diane Audrey Ngako à Dakhla, en marge du Forum international Crans Montana.

Envoyée spéciale Fouzia Benyoub

Lors de votre intervention au Forum, vous avez soulevé la question des transferts des fonds de l’Europe vers l’Afrique. Pouvez-vous nous préciser votre pensée ?

Diane Audrey Ngako : Quand j’étais journaliste au quotidien le Monde, j’ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs d’Afrique du sud, de la Côte d’ivoire, du Cameroun et du Sénégal qui disaient que l’Afrique était l’avenir du monde, que la jeunesse était son avenir et que le digital était une solution pour certaines problématiques que le continent connait. Je trouvais malheureux que la plupart de ces entrepreneurs passaient leur temps à la recherche de fonds pour financer leurs projets. Aujourd’hui, vous avez des entreprises européennes qui arrivent à lever des millions sur rien et des entreprises africaines qui font des concours pour lever dix mille euros. Par ailleurs, les grandes entreprises et les grands groupes présents en Afrique depuis 70 ans, c’est seulement maintenant qu’elles essayent d’africaniser leurs directions. Je ne pense pas qu’avant on aurait pu voir un directeur marocain de Microsoft, c’est le cas aujourd’hui. Il faut que les africains arrêtent d’accueillir, de porter des entreprises qui ne prennent pas de managers africains. Le transfert du savoir-faire et la formation sont cruciaux pour les pays qui accueillent ces entreprises.

Comment faire pour que les africains investissent plus dans des projets pour aider au développement de leurs pays ?

C’est la grande question. Il faut développer la philanthropie africaine. J’ai rencontré dans ce forum une femme qui développe la philanthropie africaine. Il faut donner envie. donner confiance pour que les africains utilisent leur l’argent dans le financement de projets grands ou petits au lieu de le garder sous un matelas. La richesse ça se crée. Aidons les porteurs de projets qui vont faire l’Afrique d’aujourd’hui et de demain.

Au Forum, la participation africaine était forte. Est-ce suffisant ?

Je pense effectivement que l’Afrique doit repenser son avenir elle-même. Il faut plus d’experts africains. Moins de politiciens. C’est bien d’inviter les politiques pour entendre leurs points de vue, mais ce ne sont pas eux qui sont face aux chocs. Ceux qui sont face aux chocs dans notre continent sont les petites gens et nos sociétés civiles. Ce sont notamment ces femmes qui se lèvent tôt, qui vont faire des kilomètres pour aller vendre leur manioc sur le marché pour permettre à leurs enfants d’aller à l’école et nourrir leurs familles. Il faut accorder plus de place aux personnes qui côtoient la réalité au quotidien.

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