Boeing confronté à un problème plus grave que prévu avec son long courrier 777X

Boeing, déjà englué dans la crise du 737 MAX, doit faire face à de nouvelles difficultés: les anomalies plus importantes que prévu qui affectent le 777X pourraient retarder davantage l’arrivée de ce long-courrier dans le ciel mondial, ont indiqué à l’AFP des sources proches du dossier.

En septembre, lors d’essais de pressurisation — dépassant sciemment les conditions normales d’utilisation pour s’assurer de la fiabilité du matériel– on avait appris qu’une porte de l’appareil avait cédé.

Mais plusieurs sources ont indiqué ces derniers jours à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, que c’est toute la structure soutenant la porte qui a été emportée, lors de ces tests supervisés par des inspecteurs de l’agence fédérale de l’aviation (FAA).

"Il y avait une structure près de la porte de sortie de secours qui a sauté durant le test, ce qui signifie qu’il y avait un défaut dans cette structure", a indiqué à l’AFP une des sources, ajoutant qu’une aile de l’avion avait en outre été endommagée dans l’incident.

"Il y a eu une dépressurisation dans le fuselage arrière de l’avion. Toute la structure de la porte a sauté" et non pas seulement la porte comme rapporté au lendemain de l’incident, a renchéri une autre source.

La FAA a ouvert une enquête pour déterminer ce qui a mal tourné, a dit à l’AFP une source règlementaire, sans préciser l’impact sur la certification du 777X, qui accuse déjà plusieurs mois de retard sur son calendrier de mise en service.

Boeing a affirmé à l’AFP que l’incident n’affectait pas la date du vol test, nécessaire pour la certification de l’avion.

"Ce que nous avons pu voir à ce jour renforce notre première évaluation selon laquelle (l’incident) n’aura pas un impact significatif aussi bien sur la conception (de l’avion) que sur les préparatifs pour le premier vol", affirmait le constructeur le 23 octobre.

La cause de l’incident n’a pas encore été déterminée, mais des sources industrielles accusent les robots introduits par Boeing dans son usine d’Everett, près de Seattle, pour assembler le fuselage du 777X. Boeing a annoncé mi-novembre qu’il allait à nouveau confier cette tâche à des humains.

– Modifier le design –

"Une porte ne peut pas sauter toute seule à moins que quelque chose d’autre n’ait pas marché", a dit une autre source proche du dossier. "Ca veut dire qu’il va falloir revoir la conception de l’avion."

"Des changements liés au design sont nécessaires", a confirmé une source au courant des projets de Boeing, affirmant que le constructeur "a déjà la solution", qui consisterait à renforcer la pièce défaillante du fuselage arrière.

Ces modifications devraient entraîner, d’après les trois premières sources, un retard d’au moins six mois dans le calendrier de mise en service du 777X, dont près de 340 exemplaires ont déjà été commandés par sept grandes compagnies aériennes, dont Emirates, Lufthansa, Cathay Pacific, Singapore Airlines et Qatar Airways.

C’est un nouveau coup dur pour Boeing, qui a déjà repoussé de plusieurs mois le premier vol de ce long courrier, en raison des problèmes avec le nouveau moteur GE9X, fabriqué par General Electric, mais aussi des problèmes au niveau des ailes et de validation des logiciels, selon des sources industrielles.

Les premières livraisons, qui devaient commencer en 2020, avaient également été reportées en octobre à "début 2021", mais elles ne pourraient finalement intervenir au plus tôt qu’à l’été 2021, estiment les sources.

Le constructeur peut toutefois effectuer les modifications tout en poursuivant en parallèle son programme de tests de cet appareil qui peut transporter de 384 à 426 passagers.

– Dérivé ou nouvel avion ? –

Lasse des retards, la compagnie Emirates a décidé, la semaine dernière, d’annuler la commande de 30 Boeing 777X pour prendre à la place 30 Boeing 787, ce qui constitue un manque à gagner de 3,5 milliards de dollars au prix catalogue.

Le 777X est censé conforter la domination de Boeing sur Airbus dans le long courrier, position fragilisée par la réduction prochaine des taux de production du 787 "Dreamliner", faute de commandes fermes de la Chine sur fond de guerre commerciale avec les Etats-Unis.

Boeing peut se consoler avec le fait que la FAA considère le 777X comme un "dérivé" du 777, ce qui signifie que quelques systèmes seulement de l’avion devront être certifiés.

Deux accidents rapprochés ayant fait au total 346 morts et impliquant le monocouloir 737 MAX, homologué comme un dérivé du 737 NG, avaient fait craindre que le 777X ne soit traité comme un nouvel avion, ce qui était de nature à allonger la procédure.

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