Au delà de la COP22 : Passer à l’action sans délai pour clarifier, mettre en œuvre et élargir la portée de l’accord de Paris

Les quelque 200 pays réunis à Marrakech à la COP22 se sont mis d’accord pour mettre au point d’ici à décembre 2018 les règles d’application de l’accord sur le climat conclu l’an dernier à Paris qui prévoit de maintenir la température mondiale « bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels » et de « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C ».

Pr Ali Jiar*

Je me félicite de cette heureuse percée de l’humanité tout comme du fait que 111 pays ont désormais ratifié l’accord de Paris et 47 ont décidé de passer à 100 pour cent d’énergies renouvelables d’ici 2050. Cependant, il ne faudra pas oublier qu’un élan continu et une coopération à l’échelle internationale seront nécessaires afin d’éviter les désastres qui nous guettent dans l’avenir. Il ne serait donc surtout pas souhaitable que le nouveau Président élu des Etats-Unis Donald Trump refuse de jouer aux règles du jeu et abandonne l’accord de Paris dans les 100 premiers jours de son mandat comme il l’avait annoncé durant sa campagne électorale. Ainsi, convaincre le nouveau leadership que le changement climatique n’est pas une ‘farce chinoise’ me semble une toute première priorité. Ensuite, il faudra rester vigilant sur un éventuel reversement des politiques américaines, telles que la revitalisation de l’industrie de charbon et une réduction des dépenses sur l’énergie propre, qui pourrait avoir un effet global de ricochet.

En outre, la COP22 n’établit pas une feuille de route permettant de bâtir un dialogue en 2018 visant à mesurer le progrès concernant l’achèvement des objectifs qui ont été définis à Paris. Il est donc plus qu’impératif de mettre en place un système légalement contraignant de contrôle et de surveillance, qui vérifierait la mise en oeuvre des engagements en terme réduction de gaz à effet de serre chaque 5 ans. Dans ce contexte, l’établissement d’une Commission de Conformité dans le délai le plus court est primordial.

La question financière, qui a été rapportée pour 2018, devrait être rapidement solutionnée comme on ne sait toujours pas qui va payer les 100 millions de dollars annuels promis aux pays du sud d’ici 2020 qui devraient leur permettre de s’ajuster. La différentiation entre les pays en voie de développement et les pays développés doit être définie afin de trouver un équilibre entre adaptation (limiter l’endommagement causé par le changement climatique) et mitigation (réduction des gaz à effet de serre).

Quant à la transparence, il va falloir trouver des règles communes afin de mesurer d’une manière neutre le progrès achevé par les pays dans l’implémentation des objectifs. Si notre ambition est d’atteindre zéro émission entre 2050 et 2100, nous devrions utiliser d’avantage les outils comme le nouveau fond de transparence, auxquels l’Australie, le Canada et l’Allemagne sont déjà prêts à injecter 50 millions dollars.
Pour relever ces défis et comme l’a rappelé dans son discours inaugural le roi du Maroc Mohamed VI, hôte de la COP22, le numérique va jouer un rôle décisif notamment comme un vecteur qui favorisera l’atteinte des 17 objectifs de développement durable fixés en septembre 2015 à l’ONU qui conjuguent les dimensions économiques, sociales et environnementales.

D’abord parce que l’analyse des données climatologiques permet de mieux diagnostiquer et solutionner les problèmes, en facilitant l’accès à l’information et une meilleure visualisation, notamment des hot spots qui sont impactés le plus par le changement climatique.

Ensuite comme près de 54% de la population mondiale vie en ville, il faut désormais adapter nos modes de consommation et de production. Ainsi le concept de l’agriculture verticale née à New York en 1999 et qui place des capacités de productions au cœur des villes et sur les grattes ciels avec le digital, est en plein développement comme à Singapour, laissant entrevoir un avenir optimiste en terme de diminution d’empreinte écologique. Les entreprises qui développent ces types des technologies propres devraient être d’avantage soutenues par les gouvernements.

Nous devons rapidement adresser les questions suivantes qui ont été omis lors des négociations de l’ONU : Les émissions provoquées par l’aviation et le transport maritime, la définition de cibles pour 2050 et une feuille de route pour l’abandon des combustibles. Concernant ce-dernier, un régime d’échange de charbon, similaire à celui qui sera introduit en Chine l’an prochain, pourrait être établi dans plusieurs pays.
Il faudra donc ne pas tarder à passer à l’action car les 5 prochaines années seront vitales pour rester sous 1,5 dégrée d’augmentation des températures globales et sauver notre planète de nouvelles catastrophes naturelles.

*Ali Jiar
Maire Adjoint au développement économique et au Numérique de Sevran
Membre du Comité Stratégique Numérique Grand PARIS
Expert en ingénierie Numérique Diplômé de l’Ecole Centrale Paris
Cycle des Hautes Etudes Européennes de l’ENA Promotion Emma Bonino

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