Attaque au couteau à Lyon: suspect « confus », piste terroriste pour l’instant écartée

Le suspect de l’attaque au couteau de samedi à Villeurbanne a tenu des propos "confus" aux enquêteurs, assurant notamment que des voix l’avaient conduit à perpétrer son geste qui a notamment coûté la vie à un jeune de 19 ans.

"En raison de la personnalité du mis en cause et en l’absence d’éléments permettant de rattacher directement son passage à l’acte à une entreprise terroriste", le Parquet national antiterroriste (PNAT) n’a pas été saisi à ce stade, a indiqué devant la presse le procureur de la République de Lyon, Nicolas Jacquet.

Cet Afghan, âgé d’une trentaine d’années, a reconnu "partiellement les faits", mais a tenu des propos "incohérents et confus" pendant sa garde à vue, disant notamment "avoir entendu des voix insulter Dieu et lui donnant l’ordre de tuer", a-t-il précisé.

Dépourvu d’antécédent judiciaire, le suspect, titulaire d’une carte de séjour temporaire valable jusqu’à janvier 2020 et se disant de confession musulmane, avait consommé une importante quantité de cannabis avant l’agression, a ajouté le procureur.

S’agissant du bilan, "lourd" insiste le procureur: le pronostic vital n’est plus engagé pour trois des blessés grièvement touchés même si deux d’entre eux sont toujours hospitalisées. Au total, un Savoyard de 19 ans a été tué et huit ont été blessés.

– "Délires paranoïdes" –

L’enquête se concentre désormais sur la personnalité du suspect et son parcours. Une perquisition menée samedi à son domicile – un centre d’hébergement pour réfugiés de Vaulx-en-Velin – n’a pas permis de faire "apparaître une quelconque radicalisation".

Une première évaluation psychiatrique réalisée lors de la garde à vue a révélé "un état psychotique envahissant avec délires paranoïdes à thématiques multiples dont celles du mysticisme et de la religion", a encore détaillé le procureur.

Au long de son parcours, l’homme a été repéré sous "deux identités avec trois dates de naissance", indiquant qu’il aurait 33, 31 ou 27 ans. Il est entré une première fois en France en tant que mineur en 2009, puis de nouveau en juin 2016. Entre-temps, il a successivement été enregistré en Italie (2014), en Allemagne (2015) et en Norvège (2016).

– Bouquets de fleurs –

Sur l’esplanade de la sortie du métro Laurent-Bonnevay de Villeurbanne, le cordon de sécurité a été levé et le calme était revenu.

Plusieurs tâches de sang en partie nettoyées et un ruban jaune de police abandonné par terre témoignaient de l’agression de la veille. Quelques bouquets fleurs déposées par des voisins étaient visibles.

Vers 16H30 samedi, le suspect armé d’un couteau et d’une fourche de barbecue s’était "mis à mettre des coups de couteau dans tous les sens" devant un arrêt du bus, selon une jeune fille interrogée par l’AFP peu après les faits.

Le procureur a précisé qu’un autre couteau avec une lame de 20 cm avait été retrouvé sous un véhicule à proximité.

C’est grâce à l’intervention de passants qu’il a pu être appréhendé, alors qu’il se dirigeait vers l’entrée du métro.

"L’assaillant a été raisonné par des témoins, dont trois chauffeurs TCL (transports en commun lyonnais) qui l’ont persuadé de lâcher ses armes", a indiqué le procureur de Lyon, saluant leur "intervention courageuse et maîtrisée".

– Début de polémique politique –

De nombreux témoins ont été très choqués par la violence de la scène. Onze d’entre eux ont déjà porté plainte pour les troubles psychologiques occasionnés par les évènements.

Des élus locaux qui ont très vite souligné la "bravoure" des personnes intervenues, ont aussi appelé à être "unis face à l’horreur" alors que la nationalité de l’auteur présumé faisait vivement réagir à droite et à l’extrême-droite.

"La naïveté et le laxisme de notre politique migratoire menacent gravement la sécurité des Français!", a écrit la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen sur Twitter.

Un commentaire jugé "honteux" par le maire socialiste de Villeurbanne Jean-Paul Bret, qui accuse le RN "d’utiliser un événement dramatique à son profit".

En mai, l’explosion d’un colis piégé en plein cœur de Lyon avait blessé 14 personnes, suscitant déjà une forte émotion dans la 3e ville de France, jusque là épargnée par la vague d’attentats jihadistes sans précédent (251 morts) qui frappe la France depuis 2015. Le suspect, un Algérien radicalisé de 24 ans a été mis en examen et écroué.

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