Affaire Epstein: le prince Andrew entraîne la famille royale dans la tourmente

La liste d’universités, associations et grandes entreprises rompant leurs liens avec le prince Andrew, vertement critiqué après une interview calamiteuse sur l’affaire Epstein, s’allonge de jour en jour, menaçant la famille royale britannique d’une nouvelle "Annus horribilis".

Le géant britannique des télécoms BT a annoncé mercredi qu’il refuserait de continuer à soutenir un programme de financement d’apprentissage du numérique, iDEA, si le second fils de la reine Elizabeth II en restait le parrain.

Trois universités australiennes, la Bond University de Queensland et les universités Murdoch et RMIT de Melbourne, ont aussi annoncé mettre un terme à leur collaboration avec le programme du prince Andrew "Pitch@Palace", une association qui aide des entrepreneurs et des start-up.

Après la diffusion samedi soir d’un long entretien accordé à la BBC, le prince s’est vu vertement reprocher de ne pas avoir pris ses distances avec son ami le financier américain Jeffrey Epstein, accusé de pédophilie et retrouvé mort en prison, et de ne pas même avoir exprimé sa sympathie à ses victimes.

Andrew, 59 ans, s’est contenté de contester les accusations d’une femme recrutée par Epstein qui affirme avoir été forcée d’avoir des relations sexuelles avec lui alors qu’elle était mineure.

Depuis l’interview, les critiques et les défections se multiplient, plongeant la famille royale dans ce que certains médias n’ont pas hésité à appeler "une seconde +Annus Horribilis+", selon une expression d’Elizabeth II.

La reine avait utilisé ce terme en 1992 pour qualifier l’année écoulée, qui avait vu ses deux fils se séparer de leurs épouses respectives, sa fille Anne divorcer et le château de Windsor, résidence royale, brûler.

Déjà mardi, plusieurs entreprises avaient annoncé qu’elles cesseraient de sponsoriser l’association du prince. La banque Standard Chartered a décidé "pour des raisons commerciales" de ne pas renouveler son partenariat, qui prend fin le mois prochain. Le cabinet de conseil et d’audit KPMG a également indiqué ne pas prolonger le contrat de sponsoring conclu avec Pitch@Palace qui s’est achevé fin octobre.

— Propos racistes —

L’assureur Aon, Advertising Week Europe, qui réunit des responsables marketing, ou encore l’entreprise de télécoms Inmarsat : la liste des institutions coupant les ponts avec le prince risque encore de s’allonger.

La banque Barclays s’est ainsi dite "préoccupée par la situation et prête à réexaminer sa position", tandis que l’université métropolitaine de Londres envisage de retirer au duc d’York son titre de parrain.

Dans le nord de l’Angleterre, des étudiants de l’Université de Huddersfield ont voté une motion contre lui, estimant qu’il est "tout à fait impropre à les représenter" en tant que parrain.

Le scandale a même fait irruption dans le premier débat télévisé des élections législatives du 12 décembre, opposant le Premier ministre Boris Johnson au leader de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn : tous deux ont exprimé leur "sympathie" et leurs "pensées" pour les victimes.

"Il y a des questions très très graves auxquelles des réponses doivent être apportées", a ajouté Jeremy Corbyn, pour qui la monarchie "a besoin de quelques améliorations".

Comme si cela ne suffisait pas, les accusations se multiplient, Andrew étant cette fois accusé de propos racistes.

L’ex-ministre de l’Intérieur de Tony Blair, Jacqui Smith, a ainsi révélé être "restée bouche bée" face à des commentaires racistes du prince sur les Arabes, lors d’un dîner officiel en l’honneur de la famille royale saoudienne.

Et un ancien collaborateur de Downing Street d’origine sri-lankaise l’a accusé d’avoir employé une expression contenant le mot "nègre".

Un porte-parole de Buckingham Palace a répliqué que le prince "ne tolére le racisme sous aucune forme". Buckingham Palace n’a en revanche pas commenté l’interview du Prince Andrew, mais a déclaré qu’il continuerait à porter des initiatives scientifiques, technologiques ou entrepreneuriales.

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