A Avignon, Christiane Taubira fait entendre les grandes voix politiques

Deux figures tutélaires veillent sur le 71e Festival d’Avignon: Antigone dans la Cour d’honneur, et Christiane Taubira dans un feuilleton quotidien, "On aura tout", qui fait entendre ses auteurs fétiches tous les midi au Jardin Ceccano.

C’est lors d’une nuit de la poésie à l’Institut du monde arabe que le directeur du Festival Olivier Py a convaincu l’ancienne Garde des Sceaux de partager son amour des auteurs qui nourrissent sa foi dans la politique. "C’est vrai que je suis allé à cette nuit de la poésie spécifiquement parce que je savais qu’elle était présente, tant il était difficile de la voir", s’amuse Olivier Py.

L’ex-ministre, elle-même oratrice flamboyante et écrivaine, n’a pas son pareil pour citer dans ses discours Edouard Glissant, Aimé Césaire ou Léon-Gontran Damas (poète, co-fondateur du mouvement de la négritude avec Césaire et Senghor).

Elle qui "ne conçoit pas la politique sans la littérature" a défini avec la metteure en scène Anne-Laure Liégeois des thèmes – le travail, les violences faites au femmes, la guerre, la peine de mort, la colonisation…- qui vont structurer les 14 épisodes de ce feuilleton aussi politique que poétique (8 au 23 juillet).

Anne-Laure Liégeois, familière d’un théâtre citoyen joué dans des lieux atypiques, a été la cheville ouvrière du projet. Christiane Taubira, happée par la campagne présidentielle aux côtés de Benoit Hamon n’aurait pu mener seule ce travail de plus 14 heures de textes.

"Ce qui est incroyable quand on travaille avec Christiane Taubira, c’est qu’on mesure l’effet qu’elle produit, il y a une espèce d’aura, de lumière, qui ouvre une porte de l’esprit", témoigne la metteure en scène.

"C’est quelqu’un qui a un optimisme et une énergie incroyable, elle galvanise."

C’est donc une petite troupe galvanisée de 70 acteurs, dont une cinquantaine d’amateurs d’Avignon et 15 élèves du Conservatoire national d’art dramatique, qui a planché sur les textes.

La tête ouverte à 360 degrés

Plus de cent auteurs, dont certains reviennent plusieurs fois dans les thèmes abordés, comme Victor Hugo, le poète palestinien Mahmoud Darwich, la romancière turque Asli Erdogan, vont apporter leur pensée sur les luttes qui traversent l’histoire.

"Tout est chronométré, cela ne doit pas dépasser cinquante minutes, avec un petit texte d’introduction de Christiane Taubira, et une poésie à la fin", explique Anne-Laure Liégeois.

A force de lire et relire les textes, de François Villon à Jean Genet ou Hannah Arendt, elle dit avoir "la tête ouverte à 360 degrés".

Les grands discours d’hommes politiques à l’Assemblée figureront en bonne place: "quand on lit Lamartine, Hugo, Jaurès, c’étaient quand même de sacrés moments d’écriture. C’est vrai que Christiane Taubira est une des rares à relever aujourd’hui le défi, ces monuments ont peu d’équivalent aujourd’hui".

Entendra-t-on le verbe haut de Christiane Taubira en personne ? "Elle dit qu’elle ne veut pas jouer, elle est très respectueuse du fait qu’elle n’est pas comédienne, mais j’espère qu’une fois ou deux, elle lira un texte", confie Anne-Laure Liégeois.

"J’aimerais bien aussi qu’elle écrive une conclusion qui soit toujours la même et qui invite au chapitre suivant, qui signifie que la lutte continue."

Le feuilleton, donné en plein air gratuitement tous les midis, est un des grands succès du festival dirigé depuis 2014 par Olivier Py.

L’agora du jardin Ceccano a ainsi accueilli il y a deux ans "La République de Platon" d’Alain Badiou, et l’an dernier un feuilleton sur les grandes heures du festival qui fêtait sa 70e édition, mis en scène par Thomas Jolly.

AFP

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