Gérald Darmanin, victime de son tropisme algérien ?

Alors que le ministre de l’Intérieur, chargé des Cultes, Gérald Darmanin, était attendu sur l’organisation de l’islam de France, domaine éminemment  sensible, sa première manifestation officielle laisse entrevoir une vision biaisée, voire tronquée qui risque encore une fois de fausser les enjeux.

En effet, au lieu de rencontrer et de valoriser les structures représentatives de l’islam de France connues pour leur ancrage territorial et leur engagements publique à l’instauration d’un islam compatible avec les valeurs de la République, une des premières sorties politiques du ministre des cultes est d’accorder une visite à la Grande Mosquée de Paris, dirigée par le très contesté Chams-eddine Hafez.

Par ce choix, le ministre Gérald Darmanin met le pied dans un engrenage. Sa stratégie risque d’être interprétée par de nombreux acteurs de l’islam de France comme une allégeance à la mosquée de Paris. Cette rencontre,  à laquelle ont été exclus tous les acteurs des autres sensibilités, laissera également penser que le ministre accorde de la crédibilité et la prééminence au sein de l’islam de France à une structure inaudible qui ne dispose d’aucun magistère ou de représentation solide dans les rangs des musulmans de France.

Alors que le président de la République prépare un projet de loi pour lutter contre le séparatisme, la démarche du ministre de l’Intérieur va aggraver davantage les clivages entre les différentes sensibilités de l’islam de France et nourrir les amertumes. Car en choisissant de valoriser une structure contestée même par ses propres ouailles, le ministre Gérald Darmanin, et derrière lui l’Etat, risque de se tromper d’interlocuteurs qui n’ont aucune influence sur la réalité des musulmans de France et leurs rapports avec l’Etat.

Le choix d’aller dérouler en priorité son argumentaire et son programme pour l’avenir du culte musulman à la mosquée de Paris dont les soubresauts politico-diplomatiques ont longtemps terni sa réputation, est-il une démarche des plus pertinentes pour établir une future stratégie efficace et constructive ?

Face à cette situation, une double interrogation s’impose : ou le ministre Darmanin s’est laissé influencer ? ou il est victime de son tropisme algérien  qui veut par une règle non écrite de ne voir dans le leadership des musulmans de France que sa composante algérienne, celle incarnée par la mosquée de Paris ?

Par cette forme de séparatisme opérée au sein même des composantes de l’islam de France, les choix du ministre présagent de sa future gestion de ce dossier sensible et risquent de compliquer la donne avant le discours très attendu du chef de l’Etat, prévu le 2 octobre.

 

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